La Trinité bantoue de Max Lobe

La recherche d'un premier job est loin d'être une partie de plaisir. Elle se transforme même en vraie galère pour le jeune Mwána, forcé de faire appel à l'assistance sociale pour éviter à son partenaire, le Eidgenosse, le "vrai suisse" Ruedi, la honte de demander de l'aide à ses parents. Pris dans le piège de la précarité dans un des pays les plus riches du monde, Mwána va devoir faire preuve d'une bonne dose de flegme et de bonne humeur bantous pour continuer à avancer. Surtout que les ennuis vont continuer à s'accumuler.

Troisième roman de Max Lobe, auteur camerounais qui vit aujourd'hui en Suisse, La Trinité bantoue reprend une bonne partie des thèmes déjà abordés dans 39, rue de Berne, comme la vie des immigrés en Suisse loin du faste des rues luxueuses, ou l'homosexualité dans un contexte africain. Des sujets lourds mais abordés ici avec beaucoup d'humour et de punch, faisant de ce livre une belle satire à la fois des Suisses et des Africains.

On rit souvent en lisant Max Lobe, parfois un peu jaune quand il reprend l'affaire des moutons noirs de l'UDC, parfois de manière un peu crispée quand il parle de la maladie de sa mère, parfois encore avec beaucoup de tendresse. Car malgré les petites piques et chicaneries sur les traditions ou comportements étranges de ses "cousins blancs" ou de ses compatriotes du Bantouland, on ressent à travers les lignes l'affection de l'auteur pour les personnes qui l'entourent.

La trame du roman n'est probablement pas inoubliable mais j'ai à nouveau passé un excellent moment avec cet auteur à la plume si singulière, qui mélange allègrement dictons africains et expressions très suisses. Une voix à découvrir!

Mwána vit dans un pays au cœur de l’Europe, avec ses cousins blancs qu’il connaît bien. Certains parmi eux sont décidés à chasser les moutons noirs de leur territoire. La traque est lancée, les esprits s’échauffent. C’est dans ce contexte que Mwána cherche un emploi. Et rien n’est gagné.
Le jour où il décide de dépenser ses derniers centimes pour entendre la voix de sa mère restée là-bas, au Bantouland, sa vie se fige dans une parenthèse douloureuse. Mwána ne la reconnaît plus. Ah Nzambé ! Il traverse des moments cailloux dont il sait malgré tout savourer le sel. Grâce à son esprit vif et profondément joyeux, grâce à Ruedi le rouquin, à Madame Bauer la passionaria, ou encore grâce à Kosambela, sa sœur très catholique.
 
Avec La Trinité bantoue, Max Lobe précise et approfondit cette écriture inventive, chatoyante et visuelle initiée dans 39, rue de Berne qui l’a révélé comme un auteur prometteur.

Je remercie Emmanuelle et les éditions ZOE pour l'envoi de ce livre.


LOBE Max, La Trinité bantoue, ed. ZOE, août 2014, 208p.

Commentaires

  1. Oooh hé bien voilà une découverte que je m'empresse de noter ! Cette année, j'aimerais lire un peu plus d'auteurs africains, et il me semble que cet auteur pourrait bien me plaire.
    En passant, j'ai enfin mis la main sur Lady L de Romain Gary à la bib' ! Bon, j'ai droit à 2 prolongations donc une durée totale de prêt de quasi 2 mois si le livre n'a pas été réservé par un autre usager entretemps.:-) Ça nous laisse un peu de marge.^^

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    1. Je pense effectivement que Max Lobe devrait te plaire, avec ce titre ou son précédent roman... Le style est résolument africain mais en même temps, le contexte très suisse/européen rend l'intrigue plus proche de nous. On perd en "exotisme", c'est sûr, mais ça reste une écriture à part.
      Et pour Gary, j'ai commencé Gros-Câlin que j'avais déjà dans ma PAL. En parlant d'écriture à part... Là on est dans du Gary très barge. On se tient au courant de nos progrès ^^

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  2. Je trouve qu'il écrit drôlement bien, ce petit et j'ai envie de continuer à la suivre. Bisous

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    1. On reste dans le même style qu'avec 39, rue de Berne, donc tu devrais aimer. Le contexte est peut-être un peu plus suisse que genevois cette fois mais les thématiques restent similaires et le style toujours aussi sympa. Tu me rediras...

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  3. Dictons africains et expressions suisses : un sacré mélange !

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    1. C'est sûr. Les "Ah Nzambé!" cotoient les "Schätzli", difficile de faire beaucoup plus original ;-)

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  4. Je n'y connais pas grand chose en auteurs africains ... donc je note ! Tu y as pris du plaisir ;-)

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    1. Comme je le disais à A Girl, le fait que l'intrigue se passe en Suisse rend peut-être l'intrigue plus accessible, surtout si tu découvres la littérature africaine. Sinon, si tu préfères rester en Afrique, j'ai dernièrement bien aimé Le meilleur coiffeur de Harare de Tendai Huchu...

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